Si j'ai choisi ce métier, ce n’est pas un hasard...

Plus jeune, j’ai longtemps cru que la sexualité était un moyen de recevoir l’amour et l’attention que je ne me donnais pas à moi-même. Je pensais qu’il suffisait d’aimer et d’être aimé·e pour vivre une vie intime épanouie. Comme si amour et sexualité formaient un tout évident, un “package” indissociable — et que cette évidence finirait forcément par s’imposer.

J’ai remis mon plaisir entre les mains de l’autre, attendant désespérément qu’on devine mes envies et mes besoins… alors que j’étais moi-même incapable de les exprimer.

Quand le désir s’est fait plus discret, j’ai fui.

J’ai cherché ailleurs ce que je ne savais pas nourrir de l’intérieur.

Souvent aussi, j’ai fait l’amour sans en avoir envie. Par devoir. Pour faire plaisir. Pour ne pas décevoir, ne pas vexer. Pour éviter ce “non” trop lourd à porter, trop difficile à justifier.

Et puis un jour, j’en ai eu marre. Marre de fuir. Marre de répéter les mêmes schémas. Marre de vivre à travers l’autre. J’en avais assez d’être insatisfaite, frustrée, en attente… Comme si une solution magique allait, un jour, révolutionner ma vie intime à ma place.

J’ai fini par comprendre que j’étais moi-même la geôlière de ma propre prison. Parce que ce qui fait peur, au fond, ce n’est pas de rester dans l’inconfort : c’est de changer. C’est de s’ouvrir à l’inconnu, d’oser faire autrement, de renoncer à ce qui ne nous sert plus.

J'ai réalisé que j'’étais la seule à détenir les clés. La seule à pouvoir faire ce pas-là. Et oui, ce chemin demande du courage, du temps, de l’énergie. Mais c’est aussi un voyage. Un magnifique voyage.

La femme que je suis aujourd’hui a une gratitude immense envers celle que j’ai été.

Celle qui, un jour, a eu le courage de se lever et d’ouvrir enfin cette foutue porte.

Cette même femme, qui aujourd'hui, a à cœur d'accompagner celles et ceux qui choisissent à leur tour d'ouvrir leur porte.